Et Paf ! Le chien. [Norvège, PV Shizune]

À 19h17, et 53 secondes au troisième top : je rentre de la fac avec quelques potes. On discute tranquillement, mélange improbable de nos cours, des sorties cinémas et de quelques autres trucs pas vraiment intéressants. Des convo de jeuns comme disent les autres vioques.

À 19h26, et 24 secondes au troisième top : on se dit au revoir, avec tous les gestes de la main, sourire, promesses de retrouvailles qu'on se coltine dans ce genre de situation. Le genre de truc où j'ai tendance à faire "Okay, See ya" et à partir quand les autres font quinze au revoir dix ou quinze fois. Dingue le nombre de trucs à dire en dernière minute. Et relou, en plus. Bref, next, on va arriver à de l'intéressant. Je crois.

Nan parce que bon, le quotidien, toussah, c'pas que c'est ennuyant, mais si. Ouais, bon, j'porte un débardeur crème, un vieux treillis, un perfecto et des rangers. Mais ça intéresse qui ? Que mes cheveux soient attachés en demi-queue, ça aussi, qu'est-ce qu'on s'en fout ? 'Fin bref, plein de détails à la con comme ça que les gens se sentent forcés de préciser et dont on se branle totalement. C'est pas de savoir ça qui empêchera de dormir. Si ? Bref.

À 19h33, et 52 secondes au troisième top : je passe non loin de chez la veto, en mode je rentre chez moi peinarde. Le fait est que c'est sur le passage, j'y peux rien. Et là-bas, qui est-ce que je vois ? Une brunette que je crois reconnaître, un gars que je ne connais carrément pas, et.. Un chien. Waf. Le truc, c'est que le gars en question n'a pas l'air super cool. Le genre de gars qui grogne facilement contre ce qui l'entoure, mais qui ne mord pas forcément. Ou si, peut-être. Je suis pas en face, j'en sais rien. Enfin bref. De base, j'm'en fous c'pas mes oignons. Mais là, le gus n'a pas l'air d'humeur jolie jolie. Allez savoir pourquoi. La brunette ne face, l'est pas bien costaud. J'ai l'impression de voir une crevette versus.. Je sais pas quoi. Un truc plus gros et plus teigneuse. Peut-être une murène, ou un congre ? C'est moche, c'est teigneux, mais paraît que c'ets bon à manger. Faudra que je teste.

Et en attendant, je me dirige tranquillement -ou pas- vers la doc et le type chelou. Sait-on jamais. Je ne suis pas encore archi sûre de moi, mais je me dis que ça ne coûte rien au pire d'aller la saluer. Si ?

Fin de la journée de travail. Pas de grosse blessure ou de maladies graves, des animaux soignés et des propriétaires rassurés, tout ce qu'il faut pour passer une bonne journée. Shizune range ses affaires, enlève sa blouse, éteint l'ordinateur avant qu'il ne recommence à lui demander des choses improbables ou à répéter erreur sans jamais dire ce qui ne va pas, et en plus il est beaucoup plus difficile de faire un diagnostic sur cet engin que sur un animal. Une fois prête, la vétérinaire quitta donc son cabinet et prit la direction du zoo.

Là-bas, elle rendit visite à une certaine once qui fut ravie de la voir. Cell-ci était comme toujours en forme, car surveillée à la fois par la brune et par l'équipe du zoo, une once ça reste un animal peu présent dans les zoos. Le félin, Hnoss pour ne pas la nommer, aimait beaucoup les caresses de Shizune et ronronnait beaucoup en sa présence. La vétérinaire gardait cependant toujours à l'esprit que l'animal restait dangereuse à cause de ses instincts sauvages. Bientôt il fut temps de partir, il était temps de rentrer chez soi.

Et tout aurait pu se passer sans la moindre péripétie si Shizune ne se mêlait pas des affaires des autres, notamment des chiens maltraités. En effet, sur le trajet qui la ramenait à sa voiture, elle croisa un homme en train de frapper son chien. Sans hésiter, ni réfléchir, elle alla s'occuper de ce problème. Une fois suffisamment proche, elle apostropha l'individu qui tourna alors la tête vers elle, mécontent d'être dérangé.

Laissez ce chien tranquille !

Ce sale clébard refuse d'obéir. Et vous ne m'empêcherez pas de lui apprendre la discipline.

Et il donna de nouveaux coups de pied au pauvre animal sous les yeux effarés de la brune. Celle-ci essaya donc de l'arrêter en tentant de l'empêcher de cogner mais elle fut repoussé avant de recevoir un grand coup dans la figure et de tomber en arrière.

Hey hey ! Ça s'envenime, là-bas. J'vois le type cogner le clébard, j'vois la doc qui s'interpose.. Et j'vois ce motherfuckin' odieux connard qui se mets à la castagner elle ! Jor. Trou d'cul, va, on t'a pas dit qu'il fallait pas taper les meufs ? J'vais t'apprendre les bonnes manière, tu vas voir !

Là, je cours. Cours. Cours encore jusqu'au trio connard - clebard - véto. Mais quelle cruche aussi, cette foldingue, d'aller faire chier ce type ! Bon, ceci dit je lui reconnais du cran. C'est même plutôt notable.. Je salue. J'aurais pas cru ça d'elle, en fait. J'la voyais plutôt du genre bisounours, pas vraiment à se fritter.

Quand j'arrive, elle est par terre. Connard. Non mais c'est quoi ce type, woh ? Là, je m'arrête.. Pas. Je lui rentre dans le lard cash. Me dirigeant directement sur lui, j'prend même pas le temps de dire bonjour à la doc, ni de prévenir le gars, ni de dire "Attention monsieur. je ne suis pas très contente, tu vas être punis !". Par contre, son visage dit très vite bonjour à mon poing. Puis son estomac à mon genou. Pour le coup, ce sont des présentations qui se font dans les règles de l'art : franc et direct. Le toisant avec hargne et colère, je renifle d'agacement et fait machinalement craquer mon cou.

- T'as deux solutions, connard. Soit tu te lèves, et tu dégages. Vite. Soit tu restes, et là j'te fais bouffer ton motherfuckin' dentier. On tape pas une femme, tu savais pas ?

Par contre, elles elles peuvent. C'est ça qu'est bon. Ceci dit, vu l'animal il pourrait me cogner qu'il ne serait pas dans le faux : je ne suis pas sûre d'être cataloguable comme "femme". D'ailleurs, j'aimerais limite qu'il le fasse. Comme ça, j'pourrais le cogner. J'ai envie, il m'a gavé, m'a fait courir, et puis bordel j'aime pas ces types qui se croient tout permis juste parce qu'ils ont un grain de riz entre les jambes et trois biscotos qui se courent après. Hey mec, c'est pas avec ça qu'il faut réfléchir, hein. Narquoise, je fais un pas de plus vers lui et ricane.

- Alors, princesse ? Tu choisis quoi ? Tu gardes ta fierté, ou tu vas te mettre en sécurité ?

Mes poings se serrent, et je n'attends qu'une chose pour frapper : qu'il fasse un geste vers moi. Je suis prête pour la bagarre.. Mais ça se sent sans doute. Cogner sur un inconnu en se mêlant des affaires des autres ? Check. passer pour une psychopathe assoiffée de baston devant son véto ? Check. Reste quoi ? Ah oui : qu'elle se barre en hurlant et me demande de changer de doc pour mon chat. À voir.

Aïe !

Shizune venait de heurter brutalement le sol avec son postérieur. Et aucun coussin n'avait amorti le choc. En résumé elle l'avait senti passer, comme le coup qu'elle avait reçu dans la figure. La vétérinaire s'examina rapidement pour constater qu'elle n'avait rien de grave et qu'elle ne s'en sortirait qu'avec quelques bleus. Et pendant qu'elle avait fait son petit bilan santé, quelqu'un était passé à toute vitesse près d'elle pour rendre la monnaie de sa pièce à son agresseur. Encore assise sur le bitume, la brune put ainsi voir une de ses clientes en train de remettre l'homme à sa place.

Après s'être fait cogner puis mépriser par la demoiselle, l'agresseur qu'on appellera désormais Vilkas pour simplifier, hésita un instant sur quoi faire. Mademoiselle Gundagaï, puisque c'était elle, semblait savoir s'imposer par la Force quand nécessaire. Et pendant que Vilkas réfléchissait, peut-être un exercice difficile pour lui, la vétérinaire s'était approchée du chien pour l'examiner. L'animal, encore choqué, s'était d'abord montré réticent avant de devenir plus coopératif. Et heureusement, il n'avait rien de cassé: les pattes étaient intactes, les côtes avaient tenu bon, et il se remettrait vite à condition de ne plus prendre de coup. Shizune le prit dans ses bras et se releva. Elle s'adressa à Vilkas qui commençait à vouloir s'enfuir pour lui mettre l'animal dans les bras.

Ne vous enfuyez pas comme ça ! Vous devez prendre soin de votre chien. Revenez me voir dans un mois et si vous l'avez maltraité je préviens les autorités.

Une fois le chien rendu à son maître, Shizune sortit un bloc-notes, écrivit l'adresse de son cabinet ainsi qu'une heure et une date et le donna à l'homme. En fait, elle aurait bien voulu lui confisquer le chien, mais c'était illégal. Elle espérait par contre que son coup de bluff aurait des effets positifs. Ou que les coups de mademoiselle Gundagaï auraient ces effets. D'ailleurs, la vétérinaire devait la remercier. Pendant que la brute s'enfuyait avec son chien et son rendez-vous en maugréant que les femmes étaient bien mieux dans leurs cuisines, Shizune s'inclina devant Yss pour la remercier.

Merci beaucoup, mademoiselle Gundagaï.

La mère de Shizune lui avait appris la politesse et la brune trouvait cela très important. Surtout qu'elle venait d'éviter une raclée et qu'un chien avait secouru. Quand à avoir peur de la brutalité du sauvetage... elle n'avait pas vraiment vu les coups portés et avait déjà vu ce genre de comportement. Yss avait réagi comme le père de Shizune: en utilisant l'intimidation pour protéger. Yss n'avait pas vraiment la même carrure mais ça avait quand même marché, c'était le plus important. Shizune s'attendait maintenant à se faire gronder pour s'être mise en danger, comme avec papa.

- Quoi ? Il a.. Et vous.. Tshhhhh.

Avec exaspération, je soupire sans discrétion aucune pendant que miss Véto sans frontière s'amuse à faire la morale à ce vilain chenapan qui n'a pas été sage ! Vraiment, tu es très vilain ce n'est pas bien ! Si tu continues tu n'auras pas de dessert ce soir et tu seras privé de télévision, attention ! Bref.. Roulant des yeux blasés, je m'avance vers le gars et pointe un doigts furieux et de mauvais augure sur sa poitrine de petite nature sous-testostéronée.

- Et si tu l'amoches encore, ce sera ma main, ta tête, le béton. J'suis une artiste dans le genre, tu verras, on va redécorer la ville. Pigé, la terreur ?

Là dessus, mon doigt fait pression sur sa poitrine pour lui faire signe de dégager, regard noir à l'appui. Ça, c'est bon, je sais faire. Et pendant que je ronchonne encore à cause de ce guguss, la miss se met à me.. Heh ? Remercier ? Jor, wesh là, elle a pas baddé, ni hurlée à la barbare, ni.. Woh. Drôle. Inattendu. Interloquée, je la regarde un petit moment sans broncher en haussant un sourcil. Euh.. J'dois répondre quoi à ça, là ?

- .. Heh. Sérieux, rien de plus à dire ? L'autre débile a cogné, failli faire de la mousseline avec vous à cause d'un clébard parce que vous vous êtes mêlée de ce qui ne vous regarde pas, j'arrive dans le tas en bourrinant comme une viking, et tout ce que vous avez comme réaction, c'est.. Ça ?

Okay. Inattendu.. Mais du coup une fois la surprise passé, je commence à avoir de nouveau envie de grogner. Poussant un profond soupir, je me pince l'arête du nez en fronçant les sourcils.

- Mais qu'est-ce qui vous a pris ? Hein ? Si j'avais pas été là, il vous aurait amoché, et vous vous avez cherché la merde à ce type plus baraque sans être capable de vous défendre ? C'est courageux, mais totalement con !

J'accentue sur le dernier mot en la fusillant du regard. Bordel, mais quelle crétine ! Quand on sait pas s'défendre on ne pro.. Voque.. pas. .. Ouais. Bon. Vu mon caractère, ça me va bien de dire ça. Gamine, je provoquais et ensuite je morflais sévère.. Mais ! J'étais gamine, c'pas pareil ! Pis merde, j'ai flippé, moi ! Quand on a pas les capacitées de Chuck Norris, on joue pas à être un Walker Texas Ranger ! Surtout en Norvèges, quoi. Elle aurait eu l'air fine, après, avec sa jolie gueule amochée ! Je bougonne encore un moment, puis je soupire encore une fois et me tourne vers elle en croisant les bras, la tête inclinée sur le côté.

- Il vous a fait mal ? Z'avez rien de cassé, au moins ?

Si c'est le cas, je le retrouve, je le déboite. On frappe pas une femme, et on l'amoche encore moins !

Shizune ne s'était pas trompée, Yss avait réagi comme son père. Elle avait râlé sur la dangerosité de de venir secourir l'animal alors qu'elle n'avait aucun moyen de se défendre. La brune ne le montrait pas mais elle restait surprise d'avoir croisé une femme qui se comportait comme son papa. En plus vulgaire. Mais peut-être que papa l'avait aussi été quand il était plus jeune ? Peu importe. La vétérinaire resta donc calme tandis qu'Yss terminait son sermon. Pas qu'elle s'en fichait, non, mais elle le connaissait déjà. À la fin de celui-ci, la rousse s'inquiéta de son état de santé.

Ça va. Juste un peu mal mais rien de sérieux. J'ai quelque chose sur la figure ?

Elle s'était quand même pris une sacrée claque et se demandait si elle n'avait pas gardé une trace rouge sur la joue. Elle avait un peu plus mal aux fesses mais ne pouvait quand même pas demander à sa sauveuse de vérifier la couleur de son postérieur. Elle espérait avoir rassurée son interlocutrice. Cependant elle se sentait redevable et ne voulait pas laisser partir sans un petit quelque chose pour la remercier.

Par contre, Shizune ne savait pas trop comment. Elle regarda autour d'elle et ne trouva pas vraiment d'idées. Au final, elle se rabattit sur la seule solution qu'elle trouva valable.

Je peux vous inviter à boire quelque chose pour vous remercier ? Il y a un petit café pas loin.

- Gniah gniah, un peu mal et rien d'sérieux.. J'espère bien !

Je soupire un bon coup, et regarde son visage pour voir si elle a un truc bizarre ou pas. En l'occurrence, non, sauf si la joue écrevisse compte comme une chose exotique après un gnon pareil. Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'elle n'a pas l'air de s'étonner plus que ça que quelqu'un vienne l'aider, ni de s'émouvoir beaucoup de ce que je le grogne dessus. A croire qu'elle en a l'habitude. Ceci dit, si elle est capable de réagir comme ça à chaque mouche blessée, y a moyen qu'ensuite il lui faille à chaque fois un prince charmant pour la tirer d'un mauvais pas. Ou une barbare, comme moi. J'ai pas la prétention d'être une princesse, et de toute façon ça ne m'intéresse pas.

- La joue rouge, z'aurez un bleu si vous marquez vite. Sinon, ça passera vite.

Dernier reniflement, et je fais craquer mes doigts avant de regarder autour. Faut que j'rentre, moi, mais j'hésite à laisser Princess Girl se balader toute seule si c'est pour qu'au prochain pigeon maltraité elle recherche des crasses à un Musclor. J'fais quoi ? La flemme de la raccompagner, mais en même temps.. Rah, elle fait chier !

Et puis elle me recause, à me proposer un.. café ? Jor. Boire un truc, juste parce que j'ai fait bouffer le dentier de l'autre ? Ouais, ça se tient, même si je ne vois pas vraiment en quoi ça mérite de marquer le coup. Des gus comme ça, j'en bouffe au petit dej' tous les matins. Avec un haussement d'épaule, je regarde ma montre. Renifle. Ouais, bwah. Mon matou peut attendre encore un peu, même si je sens qu'il va me faire les gros yeux. Les chats et leur putain de possessivité impérialiste, j'vous jure.

- Hm, si vous voulez, ouais. Mains sincèrement, ne vous sentez pas obligé, n'importe qui l'aurait fait et y avait rien eu d'exceptionnel.

Ceci étant, ok. Va pour un tit café. Ca me réveillera des longues heures de travail en commun, huh.

J'insiste. Vous méritez au moins ça.

Shizune marcha donc en direction du café. Elle entra et salua le barman avant de s'installer à une table. Le café n'étant pas très loin du zoo, elle venait régulièrement et avait quelques habitudes. Comme prendre une table près de la fenêtre et demander un café avec deux sucres. Par contre, demander une serviette avec des glaçons pour appliquer sur sa joue n'en faisait pas partie. Mais elle détestait qu'on fasse du mal aux animaux sans raisons et n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir. Heureusement que mademoiselle Gundagaï avait été là ! Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus que le serveur arrivait à sa table.

Bonjour. Un café avec deux sucres comme d'habitude ?

Oui, merci. Et des glaçons dans une serviette s'il vous plaît.

Le serveur hésita un moment pensant avoir mal compris avant de voir la joue de sa cliente. Il préféra hocher la tête sans poser de questions. Il se tourna ensuite vers celle qui accompagnait Shizune. Il ne l'avait jamais vue ou alors ne s'en souvenait pas et espérait juste que ce n'était pas elle la responsable de la couleur de la joue de Shizune. La vétérinaire était toujours polie et ne méritait pas ça. Cependant, il ne se mêlerait pas de cette histoire, il n'était que serveur, pas médiateur ou autre.

Et pour mademoiselle, ce sera ?

La brune laissa Yss répondre avant de lui adresser la parole à son tour. Elle était curieuse d'en savoir un peu plus sur sa "sauveuse".

Encore merci. Vous aidez souvent les gens dans la rue comme ça ?

Roulement des yeux. Mériter ? Mériter ? Si fallait que j'reçoive un prix nobel ou une récompense à chaque type que je marave, je m'en sortirais pas. Bref.

La brunette nous dirige vers un café tranquille, et vu l'attitude du serveur elle y est connu comme le loup blanc. Le coin est pas mal et posé, ceci dit. Par contre les serveurs.. Azy, elle t'a capté, à marquer ton territoire comme un faux mâle, hein. Baisse les yeux gamin. Même si t'es plus vieux. T'es intrigué, hein ? Tu t'demandes qui j'suis, parce que j'suis pas dans ton répertoire justement. Commère. Pire qu'une femme, vraiment. J'ai le regard franc quand je réponds, les yeux dans les yeux.

- Café noir, m'sieur, s'il-vous-plaît.

Que ça t'plaise ou pas, ramène mon café. Prends pas ça au pied de la lettre, chevalier. Mais déjà la princesse ramène sa fraise à nouveau, et c'est l'interro surprise qui commence. D'un haussement d'épaule, je balaye tout le côté romanesque de la chose. Bon, on va garder les mouchoir rangés et le pop-corn aussi, hein ?

- Dépend, des fois. J'suis pas du genre pacifique, de toute façon, et j'ai toujours montré lé poings quand un truc m'embêtait. La seule différence, c'est que j'ai appris à rendre. Et puis je fais pas ça tout le temps, juste quand ça vire trop au vinaigre.

C'est assez à l'instinct, en fait. Mais si les deux ont du répondant, c'est leur merde ils se débrouillent avec.

- Et vous, vous jouez souvent les paladins sauveurs pour finir en princesse à sauver ?

Histoire d'savoir si j'lui file un abonnement de sauvetage et que j'prévois ça sur mon planning.

Je ne pouvais pas laisser ce pauvre animal se faire taper sans réagir.

Elle réfléchit. Est-ce qu'elle faisait ça souvent ? Pas vraiment. Et généralement, tout se passait bien.

Et je n'interviens pas souvent. Les gens sont plutôt bien éduqués par ici. D'habitude, ils ne sont pas agressifs. Celui-là était une exception.

Une exception douloureuse. Heureusement les glaçons allaient la soulager. Elle remercia le serveur qui venait de revenir et appliqua les glaçons sur sa joue. Avec un peu de chance, il ne resterait aucune trace de cette mésaventure dans quelques jours. Et sinon, tant pis, il y avait plus important.

En fait, elle espérait aussi que son père ne saurait rien de cet incident. Il serait sûrement très fâché. Et risquerait de chercher le responsable pour lui expliquer qu'on ne touche pas à sa fille. Il était très protecteur. Trop peut-être. En fait, la vétérinaire préféra changer de sujet même si être comparée à une princesse ne la dérangeait pas tant que ça.

Et sinon, Yagan se porte bien ?